mardi 1 septembre 2015

                                       


                                       [été 2015] en quête du fantastique
           
                                        Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre
                                     
                                               
                                                      6 | juste avant, tout juste

                                   

                               

 Des auges de béton posées sur quatre petits pieds où plantes vivaces s’élèvent jusqu’à hauteur de taille séparent la terrasse du trottoir. Toutes les tables ne sont pas occupées, celles serrées contre la longue vitre du café sont délaissées; il faut dire que le soleil n’y parvient pas, le balcon des appartements du premier étage les couvre de sa dalle de béton. Une légère brise par vague secoue les fleurs d’acacias qui tombent ici ou là où tables regardent le ciel. Une femme en plein soleil secoue ses cheveux d’une main énergique entre deux phrases d’une conversation qui ne la laisse pas tranquille. Elle n’aura pas vu les deux enfants traverser la rue agrippés chacun à la ficelle qui tient leur ballon en l’air (un blanc un jaune) ni entendu (décidément elle parle fort) le cri de joie terrifiante de celui qui lâche son ballon pour voir. Quelques têtes pourtant suivent du bout des yeux la progression vacillante de l’ovale jaune et la dame en tailleur bleu pâle qui croise les bras sous ses seins en profite pour gigoter le bas, il fait assez chaud pour que le plastique des chaises collent à la chair des cuisses. Il n’y a pas lieu de toucher ce drôle de triangle rectangle de fer peint en noir grand comme deux mains pour passer à l’intérieur, la porte à double battant est ouverte aujourd’hui, coincée par deux caoutchoucs écrasés au sol. Rouge, la banquette qui court le long du mur, rouge skaï rouge skaï aussi les deux petits tabourets (à chaque fois deux) qui lui font face séparés par la petite table ronde couverte d’un napperon en dentelle synthétique qui fut blanc. Pas un chat ni musique ni radio, seul le va et vient des serveuses déplacent l’air et les petites tables rondes ce ne sont que petites tables rondes affublées de deux petites chaises chacune le long des vitres ont la candeur brutale du temps passé ici encore là. C’est depuis l’intérieur que le corps jette ses yeux pour s’apercevoir que le café fait un angle. Les rideaux tirés ramassés sur la gauche de chaque vitre laissent tout voir en silence cent quatre vingt degrés à l’affût. Là, face, au delà de la rue sur le mur cinq oiseaux noirs en vol soufflés à la bombe, l’un d’eux mince comme un cil. Le ciel est-il bleu?

                                             


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